dimanche 29 octobre 2017

Un week end au bord de l'eau



Samedi 28 octobre
Il fait toujours grand beau, c’est très agréable et pratique pour nous mais de plus en plus dur pour les paysans. J’ai vu beaucoup de canaux d’irrigation des rizières à sec. Cela augmente les histoires de vol d’eau la nuit : des gens trichent et détournent l’eau à leur profit même quand ce n’est pas leur tour… Il y a donc des « milices » de surveillants. Pas rassurant ! Les pluies à venir résoudront ce problème en en créant d’autres comme la difficulté de circuler.
A propos de difficulté de circuler, Philibert vient à 8 h comme convenu pour m’emmener voir les circuits d’eau récents d’Ampohinana Nord et Sud. On peut voir la moto de VS payée par AM, une jolie Mak chinoise bleue, plus routière que tout terrain. La boîte de vitesse n’est pas adaptée aux grimpettes et les 200cm3 n’y peuvent pas grand-chose. Mais impossible d’avoir la clé, Naja n’est pas venu. Donc Philibert repart chez lui chercher sa vieille Honda tout terrain qui marche toujours bien. Nous voilà partis avec plus d’une heure de retard ce qui ne semble pas surprendre Rivo qui nous attend au pied de la montagne. 
 
Réseau sud, une borne au milieu d'un groupe important de maisons
On va commencer par le réseau sud, le dernier réalisé, et on finira par celui du nord réalisé en 2016. Pour ces deux réseaux une nouveauté : la réalisation de l’entourage était laissée à l’imagination des bénéficiaires avec toutefois des conditions de base communes : protection contre le bétail, impossibilité de faire la lessive etc… Le résultat est donc très différent esthétiquement d’une borne à l’autre. Malheureusement la qualité de la construction aussi. Certains entourages sont déjà fissurés… On me parle du dernier tremblement de terre, mais personne n’a encore réparé celles dont on me dit qu’elles ont souffert. Je demande que les responsables de bornes et de réseaux y veillent. 

Réseau sud, la borne la plus coquette avec ses plantes grasses
J’ai aussi un film à faire pour compléter les dossiers de nos partenaires. Ce n’est pas facile de faire ça en si peu de temps mais les utilisatrices (les hommes fuient les points d’eau, allez savoir pourquoi ?) sont ravies de témoigner et elles disent toutes les diarrhées en moins, les fatigues diminuées, le progrès que représente cet équipement pour leur vie quotidienne. Elles ne récitent pas une leçon bien apprise, mais nous parlent avec des sincérités évidentes. 

Réseau sud, les femmes lavent le linge à côté d'une borne
 Bravo les amis, vous pouvez être très fiers de votre travail de préparation et nous tous d’AM de ces belles réalisations. J’ai vu des bornes fleuries,  des bornes « astiquées » par des responsables enthousiastes qui surveillent depuis leurs maisons le bon usage et la propreté des lieux. Qui en parlent avec fierté aussi, et reconnaissance. Il faut dire pour être franc quelques unes qui devraient s’inspirer des précédentes, un peu négligées. Je demande à Rivo et Philibert s’ils peuvent veiller à leur bon entretien. Un signe du succès : plein de personnes qui ne voulaient pas profiter des bornes ont demandé à pouvoir s'y inscrire !

Réseau sud, au dessus des rizières. Sur cette borne on a rappelé les conditions d'usage
Réseau sud, en hauteur le château d'eau
Depuis certains endroits on voit même les châteaux d’eau (ici on les appelle aussi réservoirs) peints en bleu, dans la montagne. Sur les flans on peut y voir les logos de Vovonana et AM. Tout est dans la boîte, je peux revenir au gîte ému et rassuré. 

Réseau nord, une borne en usage depuis plus d'un an au plus grand bonheur de tous

Réseau nord, l'eau coule, quel confort !
Réseau nord, Rivo sur la place des premières réunions qui ont eu lieu en 2015. Maintenant la borne est en fonctionnement !

Ce midi c’est repas succinct, Voahangy est partie pour Antsirabe faire les courses. Le gîte se vide : Sarah ce matin, Paul Claudie et moi pour une fin de week end en ville en profitant de la vieille voiture de Gabriel (arrivé à Antsirabe, il s’arrête, lève le capot tripote un fil : « je rebranche le ventilateur, sinon ça chauffe »). Là je vais revoir Raoul qui avait des choses à nous dire à propos de ses amis des Anciens de Manandona (association FITEMA) en qui il avait totale confiance. Réseaux ? Et puis nous passons chez Albine de l’association d’ophtalmologistes, l’association EZCO avec qui nous avons des relations de partenariat. Nous y apprenons qu’il y a deux opérations « basse vision » à Sahanivotry et Manandona lundi et mardi. Mon idée d’accompagner Annie, Dominique et Claudie à Ambositra (ville des artisans du bois) tombe du coup à l’eau, car je veux représenter AM lors de leurs interventions. Ce sera (encore une fois) partie remise.
Nous filons ensuite au marché de Sabotsy, conseils de prudence de gens sympathiques : « attention à vos sacs ». Je prends des photos de cet endroit stupéfiant. 

Un beau chargement de canards

Pourtant on parle aussi ici de grippe aviaire

L'étal du marchand de plantes médicinales... juste avant que je ne m'étale !
 Tandis que je photographie un marchand de plantes médicinales, le sol se dérobe sous mon pied droit et me voilà coincé dans un trou de dalle d’égout (le sol du marché n’en manque pas, je le verrai plus tard). Je tombe en arrière. Aussitôt un cercle bienveillant m’entoure, m’aide à me relever, me fait assoir sur un tabouret, m’apporte de l’eau pour me laver le pied sali par la chute. Aucune moquerie. Le tradipraticien vendeur de plantes, me palpe la jambe et le pied pour voir si quelque chose est cassé. Tout va bien sauf une écorchure. Quand je regarde les fers à béton auxquels j’ai échappé, je trouve que je m’en tire bien ! 

Le tradipraticien et ses enfants

La lépreuse qui me propose son cicatrisant...

Chez le marchand d'outils

Et ces étals à n'en plus finir de légumes secs ou frais...


Je salue mes « sauveteurs » et poursuis mon chemin en faisant attention où je mets les pieds ! Petit tour au coin des outils, des sacs et on repart pour Talat chez Nini et Francis qui prêtent leur maison à Michel et Cécile. Il y a de quoi nous héberger pour la nuit… Nous passons une excellente soirée à parler surtout de … Madagascar !
Trop de fatigue et d’émotions pour le blog de la journée…

Dimanche 29 octobre
Cécile et Michel ont préparé un petit déjeuner « français » : thé, brioche, beurre, kéfir (une des potions magiques de Michel), avec quand même ces succulentes petites bananes un peu rondes de Madagascar.
Le pied va bien. La maison est à moins de 100 m du lac Andraikiba très célèbre du temps de la colonisation pour ses plages. Il reste encore la station de pompage pour l’eau de la ville et des vestiges des installations balnéaires. Depuis mon dernier passage, la balustrade en béton est tombée sur la plage… 

La vieille station de pompage toujours en activité
Dimanche, jour de lessive au bord du lac

pêcheurs sur leur fragile pirogue

Le vieux plongeoir abandonné

et la rambarde affalée sur la grève
Tout près des cabanes de vendeurs de souvenirs se disputent les rares touristes qui viennent encore par ici. Cette fois c’est plutôt paisible et nous pouvons acheter à des prix corrects de jolies choses.

Beaucoup de cabanes abimées, les touristes fréquentent moins le lac
  Il est midi quand nous remontons vers la ville en voiture. Nous avons rendez-vous avec un ébéniste devant la cathédrale pour des petites boîtes… 

La cathédrale d'Antsaribe
en fait c’est lapin à nouveau. François et Agnès nous rejoignent et nous nous installons dans un premier restaurant. C’est dimanche, il y a un orchestre avec de bons chanteurs, mais on file plus loin tant la sono est assourdissante et ne nous permet plus de parler entre nous. Dans le suivant, c’est plus calme… il y a aussi du zébu rossini à la carte ! et même des bananes flambées au dessert !
Vers 16h Cécile et Michel nous ramènent Claudie et moi, à la station de Taxi B. L’aboyeur (celui qui rameute les clients et les incitent à rentrer dans les véhicules) est toujours le même, toujours aussi clinquant, agité et gueulard sympathique. Il me reconnaît et vient me saluer avec exubérance. Rigolo. Moins drôle la petite heure pour remplir le « bus » Mercédès. Quand je dis remplir, c’est cinq par rangée. Même dans les boîtes de sardines il doit y avoir plus de place. Devant nous il y a José le forgeron de l’autre jour et sa femme, et d’autres passagers qui nous connaissent. On part pour s’arrêter vite à la station service acheter quelques litres de gasoil en utilisant le prix des billets payés d’avance. 

Le pare brise : un vrai défi pour Carglass !
 
Sachant qu'il y a 30 personnes dans le bus, combien sont devant moi ?

Le chauffeur est prudent et il nous amène à bon port juste au moment où une pluie faible commence à tomber.
Retrouvailles de l’équipe, on se raconte nos aventures, dînons et chacun repart à ses activités. Et si je faisais le log du week end ?

Le bus s'est bien vidé quand il nous laisse à Manandona

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