vendredi 27 octobre 2017

Au jardin, citoyens !



Vendredi 27 octobre
Je n’ai pas bien dormi. C’est comme ça. Dehors c’est aussi brumeux que dans ma tête. Après le petit déj (Voahangy a fait des crêpes fourrées à la banane, miam, miam) Sarah finit de préparer ses paniers de légumes pour Antsirabe et se lance dans la confiture de mûres de mûrier, l’arbre. Pendant ce temps là on essaie de trouver deux vélos en état. C’est pas commode. Finalement nous voilà partis avec deux vélos jaunes, le mien de tout chemin déraille du dérailleur et cela fait sauter la chaîne quand on appuie trop fort… On se calme au lieu de jurer des mille bons dieux inutiles ! 

La bifurcation des pistes pour Fierenentsoa


 En chemin sur la grande digue on croise des repiqueuses, des pêcheurs, des lavandières, des laboureurs lavant leurs zébus … toute la vie en action avant 8 h du matin. Il fait déjà grand chaud quand nous arrivons à l’école de Fierenentsoa où nous sommes très attendus. Je trouve l’école pimpante et repeinte depuis mon dernier passage. Cela récompense des 6 km d’efforts sur cette vilaine piste.

En chemin sur la grande digue on croise des repiqueuses, des pêcheurs, des lavandières, des laboureurs lavant leurs zébus … toute la vie en action avant 8 h du matin.
Le coin de lessive dans es parties basses du plateau

La dernière borne du nouveau réseau Ambohiponana sud

Les zébus prennent le frais

Voire même une douche

De voitures pour ces enfants fort démunis

Il reste encore de ces fichus puits pourris dans des coins de rizière

L'enfant et son troupeau de canards à l'apprentissage

Une rizière tourbière où les gens enfoncent jusqu'à la poitrine

Merveilleuses couleurs des pépinières
 Il fait déjà grand chaud quand nous arrivons à l’école de Fierenentsoa où nous sommes très attendus. Je trouve l’école pimpante et repeinte depuis mon dernier passage. Cela récompense des 6 km d’efforts sur cette vilaine piste. Les enseignants sont là (sauf la directrice en congé de maternité) et nous partons au jardin. Je précise que je tourne un film ce qui me permet de mettre en scène quelques séquences. Le jardin (300, 400 m2 ?) est proche de l’école et pas en très bon état : plantés ou semés en période sèche les légumes sont bien secs. Nous avons ramené des graines. Les enfants bêchent à l’angady une partie du jardin avec une vitesse et une dextérité surprenantes. Ils le font sûrement depuis longtemps à la maison ! Sur les courgettes fatiguées, Claudie fait un cours de paillage et d’arrosage suivi très attentivement par les profs et les enfants. Ils ont vite fait de mélanger le compost, de chercher l’eau (c’est plutôt le boulot des filles très habituées à cette tâche. Le paillage se fait avec cette herbe haute, le bozak, qui pousse en abondance au dessus du jardin. Une seule faucille pour tous et quelques angadys pour couper cette herbe dure : ils plient l’herbe et la tranche avec le bout de la bêche. Là encore on voit l’habitude. C’est un moment joyeux, efficace, évidemment pédagogique !

Les angadys entrent en action !

Le tas de compost va être réparti entre les plates bandes

Les nouvelles plantations ont été paillées et arrosées

Les élèves regardent Claudie pailler les courgettes

Il y en a aussi qui se débinent et profitent de l'aubaine

ça avance bien...

Pause pendant la coupe du bozak

Mais pas tout le monde !

Il a quand même gardé sa veste...
Le retour à l’école est bruyant… Une enseignante nous remet les lettre pour les correspondants français, on voit bien qu’il y a beaucoup de travail. Claudie rentre car elle commence son cours de français plus tôt tandis que je photographie un par un les 70 auteurs de courriers. 

 
La future bibliothèque de l'école ?


Claudie récupère les lettres des enfants


On est en pleine chaleur, il fait plus de 30°, et après avoir salué l’équipe « tu reviendras quand ? », j’enfourche le vélo (ouf Claudie m’a laissé le meilleur !) pour rentrer à Manandona. Je m’évapore littéralement. Plus loin je m’arrête devant une ferme pour prendre en photo des poseurs de chaume et aperçois une jeune femme qui va puiser de l’eau. Je lui en demande pour me rafraîchir et à ma demande elle me verse de l’eau sur la tête. Rigolade générale ! 

Chantier de chaume en cours

C'est un métier difficile et dangereux. On met plutôt des tôles aujourd'hui

La dame quia bien voulu m'arroser
Je repars après quelques photos, la température n’a pas baissé. J’arrive au gîte bien fatigué, sans faim… Une bonne sieste, une douche froide et c’est reparti pour un cours de français (conversation) à la bibliothèque avec ceux qui parlent le mieux, tandis que Claudie s’occupe d’un groupe de débutants (depuis 14 h, elle) et que Misa la bibliothécaire gère le fils d’une des femmes… Intéressant comme tout. Dans mon groupe il y a Alfred qui nous raconte une histoire de voleurs survenue dans son hameau. Des zébus, des poules et des canards ont été volés par les dalahos… Triste histoire devenue trop fréquente.
Retour à la maison pour un dîner tout simple où cette fois je mange avec bon appétit ! Voahangy a eu aussi une rude journée et Annie fait la vaisselle pour la soulager. Dehors j’entends un nouveau  « pasteur » haranguer les ouailles de sa secte douteuse pendant au moins deux heures. Les chants sont beaux mais lui devrait bien être enfermé ! Claudie a écrit son deuxième épisode de son exploration dans la montagne, à l’est de Sahanivotry et vient de me le donner avec des photos.

 2ème épisode : Marobiby

Lundi 23 octobre


Après une toilette de chat chez Richard et Gertrude, et un petit déjeuner d'oeuf frit, de pain et de café, je vérifie mon paquetage : un sac à dos et un panier bien rempli.
A sept heures, Manitra arrive de la montagne sur sa moto. Chargement sur la moto, et en route (heu, non, en piste !)
Le trajet s'avère plus complexe que la première fois. Les fortes pluies ont raviné, creusé la piste. Il y a des bouchons mous d'aiguilles de pin mêlés de plastiques et de branchettes. De gros camions sont passés et ont creusé d'énormes ornières, construisant des petits murs sableux qui s'éboulent d'un rien. Il faut toute la dextérité de Manitra pour que nous restions bien en équilibre et en sécurité.
Arrivés à la maison, je dépose mes affaires et prépare un sac à dos spécial visité d'école. Mais Manitra et sa femme m'offrent un second petit déjeuner, d'un verre de lait chaud et de pain.
Départ pour Marobiby, école communautaire située à environ 45 minutes de marche de Laimbolo. Cette école, bien qu'ouverte en 2010, n'a toujours pas reçu son autorisation administrative d'ouverture : les habitants n'ont pas pu fournir la preuve de leur capacité à fournir meubles, matériels et fournitures à la CISCO (équivalent de l'Inspection Académique). Pourtant la Directrice est bien titulaire d'un poste dans une école non autorisée… Comprenne qui pourra.
La marche est agréable. Nous franchissons des replis montagneux « coupe jambes » parsemés de pins, de mimosas, d'eucalyptus et de cette herbe dure et sèche , le bozaka.
Entre chaque repli de ces vallées, des zones très humides, cultivées en rizières, qui montent assez haut en terrasses bien propres. Manitra m'explique que les versants des terrasses sont arrasés pour détruire toutes les galeries des rats et autres bestioles friandes des pousses de riz.
 

L'érosion est galopante : des pans entiers de terre arable s'écroulent dans les ruisseaux, obligeant les paysans à déblayer pour recréer le cours de l'eau sans endommager leurs cultures, et à consolider les bords de leurs champs.

 

De chemin en diguettes et passages de déviation de ponts (un ou deux petits troncs d'arbres posés en travers des rives : très peu pour moi), nous arrivons à un long bâtiment isolé à flanc de montagne.

 

 

 

Quatre classes pour cinq niveaux (total de 121 élèves), même si une classe a été séparée en deux pour pallier au manque de salles.
Pas mal d'élèves absents. Stupeur : une rumeur lancée par quelques parents a fait peur : la Vahaza vient au sujet de la peste, et apporte des médicaments. Du coup, effrayés, ils ont gardé leurs enfants chez eux. Manitra et moi passons de classe en classe, et c'est toute l'autorité du Directeur de CEG qui lui permet d'être attentivement écouté.

 

Les locaux ont souffert du tremblement de terre (grosses fissures). Trois classes n'ont pas de plafond, aucune n'a de fenêtres. Pas de point d'eau (une source à un kilomètre), deux toilettes (pour 121 élèves) cachées sous un toit de chaume et maintenues très propres.

Actuellement, période de soudure entre deux récoltes de riz, les enfants n'ont qu'un repas par jour. C'est bien compliqué d'être attentif quand on a faim !
La Directrice aimerait ouvrir une classe de préscolaire : une trentaine d'enfants entre 4 et 5 ans sont demandeurs.
Les besoins de cette école sont importants, entre construction, réhabilitation, équipement… Mais à voir avec la CISCO, rapport à cette autorisation administrative manquante.
Par recoupement avec le recensement, une vingtaine d'enfants n'est pas scolarisée du tout. Ils travaillent dans les champs avec les parents et/ou gardent les plus petits.
Certains enseignants ont plus d'une heure trente de marche  pour venir enseigner. Quand on sait qu'ils sont recrutés par les Parents d'élèves et payés 400 kgs de riz non décortiqué par an...Quel dévouement !
Pour nous remercier de notre visite, l'équipe pédagogique a préparé un repas : le poulet-riz gasy. Suivi d'une boisson à l'orange et de petits gâteaux. «Merci d'être venus. Ne nous oubliez pas ! »


Après les nécessaires prises de photos, le retour se passera à discuter de ce que nous avons vu, et de sérier les priorités en rapport avec l'efficacité liée à la saison des pluies qui approche.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire