samedi 19 décembre 2015

Le printemps à Ibity

Depuis environ un mois, Ibity se pare d’une nouvelle robe des plus séduisantes : un doux manteau vert est venu la recouvrir, elle qui auparavant brillait de l’éclat doré de son herbe folle. Avec la venue des remontées de températures est aussi arrivée la pluie.  A un rythme parfait pour travailler : tous les après-midi. L’humidité revenue, tout se met à pousser à une allure folle, aussi bien les mauvaises herbes que les fleurs, les arbres ou bien encore les arbustes auparavant ravagés par les feux de brousse.
Pour ce qui est de ma passion, les orchidées, c’est le bonheur. Ces orchidées qui, je le pensais, me boudaient au sommet d’Ibity se font moins timides, et ce sont désormais des centaines, des milliers de fleurs qui éclosent sur les rochers, lieux pourtant à priori peu propices pour que des plantes viennent s’y installer.

Les fonds de vallées, auparavant secs, sont dorénavant habités par un cours d’eau, parfois en surface, parfois bien caché en souterrain. L’eau est parfois montée à plus de 10m (en une seule nuit). Les fonds de vallées, que je pensais être un havre de paix en saison sèche, sont en fait devenus semblables au passage d’une tornade : tout est renversé, chamboulé, couché, arraché. Ce qui n’empêche pas non plus certaines petites belles de pointer timidement le bout de leur nez, d’un jaune éclat de soleil.


Dans les endroits auparavant arides, coulent maintenant des sources, habitées par des milliers d’orchidées. Celles la se font encore attendre, il n’y a pour le moment que les feuilles.

Des parcelles de foret disparaissent, pour laisser place à des champs de maïs et de haricots. Quelle tristesse. Ce n’est pourtant pas la place qui manque. Cela me fend le cœur, d’autant plus que la plus belle des orchidées d’Ibity se trouve à cet endroit. La splendide cynorkis gibbosa. Des feuilles vertes foncées mouchetées de taches violettes pourpres, qui enveloppent une hampe florale au sommet de laquelle est disposée une grappe de fleurs pourpres au labelle finement ciselé. Un coup de pelle plus loin, et elle y passait. Sans compter tous les arbres qui ont disparu.

Dans les marais (oui, il y a des marais à Ibity), d’innocentes grappes de fleurs blanches font leur apparition. L’orchidophile affairé ne se rendra pas compte qu’il passe a coté des mûres et des framboises. Mais le gourmand, lui, ne se fera pas avoir. Gorgées de sucre, d’eau et de soleil, elles sont délicieuses.


Tout a poussé à folle allure. Et à ceux qui disent que bruler l’herbe la fait repousser plus vite, j’aimerais les mettre devant le fait accompli : c’est FAUX. L’herbe non brulée fait déjà 40cm de haut, l’herbe brulée peine a atteindre 15cm. Mais combien auront le courage de monter pour voir cela de ses propres yeux ?



Des lianes aux fleurs noires apparaissent, de nouvelles odeurs, de nouvelles senteurs. Tant de surprises aux détours des chemins ! Moi qui commençait presque à me lasser d’Ibity, elle récompense ma ténacité a toujours venir lui rendre visite en m’offrant toujours plus de cadeaux. Certains aussi se font des cadeaux : une splendide orchidée a fait un heureux, qui a fauché la hampe florale, surement pour disséquer quelques mètres plus loin la malheureuse.



Les orchidées ne sont pas les seules à revenir. De nombreux oiseaux aussi, dont les tisserands rouges, reviennent donner un peu de chaleur et de couleur a ce paysage désormais chatoyant.
Mais l’eau a un prix : les rizières d’ambohiponana sont ensablées, le riz en pâti. Et ce n’est que le début de la saison pluvieuse, le pire reste à venir.


Les photos aussi seront a venir, il va se mettre a pleuvoir et je dois rentrer chez moi. Bonne journée a vous tous!