dimanche 1 novembre 2015

Que d'eau, que d'eau ! Samedi et dimanche


Samedi 31 octobre 2015
Claudie est la première levée, impatiente de partir à la découverte d’Ambatofotsy ! Son sac et celui  de Florian sont vite remplis, le petit déj avalé et les voilà partis. Contrairement à ce que je pensais, personne n’est venu à leur rencontre. Après la pluie de cette nuit le ciel est très couvert encore. Je commence par une séquence bricolage : je pose une nouvelle targette aux toilettes (adieu le gros clou qui maintenait la porte fermée de l’extérieur depuis… au moins 3 ans !). Les clous et le marteau de Claudie ont été décisifs. Pendant que j’y suis, je permute aussi les douilles et lampes des toilettes et de la cuisine pour y mettre une lampe LED plus nécessaire pour la confection des repas. Paul a retrouvé l’escabeau, c’est plus pratique. A l’ouverture de la bibliothèque je monte y faire un tour, il y a déjà des jeunes en train de bouquiner.


 Avec Missa nous testons l’entrée USB du nouveau téléviseur avec des vidéos tournées ici. Ça marche très bien, ce qui va multiplier les possibilités d’usages.

 
Je redescends près du manguier où va avoir lieu la réunion de sensibilisation au paiement des cotisations d’eau. Rivo est là avec les autres chefs de réseaux et quelques responsables de bornes fontaines. Justin, le maire, n’est pas là,


 Philibert pris par un mariage passera plus tard et Nina arrive avec les cahiers de collectage et l’ordi où se trouve la compta de l’eau. Célestin, un des responsables de réseau, va chercher le maire qui arrive peu après. Paul est rassuré.

Justin, le maire de Manandona
 La réunion peut commencer. Justin confirme son changement de position devant l’assemblée (il se jette sur mon argument « l’eau est gratuite mais l’entretien payant » en affirmant que c’est ce qu’il avait dit pendant la campagne électorale) et répond tant bien que mal aux questions des personnes présentes.


Les participants à la réunion
 Rivo présente les engagements à payer du réseau Ambohiponana nord, mais des opposants au projet (quatre) sont présents et demandent au maire de renoncer à cette installation.

Un des opposants donne son point de vue

On se donne rendez-vous mardi matin 8 heures sur le terrain. Je fais un petit film de Justin pour Anjou Mada et c’est l’heure du repas. Paul part pour Antsirabe et je file de l’autre côté de la rivière pour faire le petit film sur le Rova. 
 
 J’y suis toujours bien accueilli, mais ne reste pas trop longtemps, la pluie menace déjà et le tonnerre gronde sur Ibity. Quand j’arrive Claudie et Florian sont de retour eux aussi avant la forte pluie du soir. Vers 19h après cette plutôt sombre journée, le courant s’arrête. Caramba !
J’ai retrouvé aussi aujourd’hui deux anciens de la commission jeunes, Clara qui a fait beaucoup de progrès en français et qui continue son bonhomme de chemin en me rassurant un peu sur sa situation, et Stinjo qui débordait de rêves d’avenir, cloué maintenant à la rizière familiale après un mariage et une paternité assumés mais visiblement sans joie.
Nous dînons aux chandelles avant d’aller vite nous coucher. Le crédit internet est fini alors le blog attendra demain.
Jacques

7h30 : Florian et moi partons pour Ambatofotsy, voir un peu la situation du CSB1. Nos sacs à dos sont bien remplis : nombreux vêtements pour les nourrissons, quelques vêtements adultes, 1,5 l d’eau et un pique-nique, sans oublier appareil photo,  Kway et sweat shirt. En effet, le temps est très gris, et nous montons à plus de 1700m. Indications de marche : vous montez la montagne derrière le gîte, puis suivez la crête, un plateau, et après c’est tout bon. La première partie est bien pentue, mais ça va. Florian attire mon attention sur de toutes petites fleurs qui émergent dans les zones de brûlis. Vient une zone très chaotique, où le sentier serpente entre deux murs de roche.


 Nous devons parfois faire demi-tour car les charbonniers descendent de la montagne avec deux gros sacs de charbon de bois sur la tête. Les enfants, pas bien vieux, n’ont qu’un sac sur la tête. Nous croisons aussi des hommes avec une poutre ou un tronc sur la tête. Comment font-ils pour passer les méandres du sentier ? Mystère. Des groupes familiaux, endimanchés descendent aussi : ils vont peut-être au mariage qui a lieu à Manandona. Ca grimpe dur. Nous voyons une très ancienne tombe (il y en a plusieurs sur le chemin) Puis un embranchement : droite ou gauche ? Florian demande « Ambatofotsy ? ». C’est à droite qu’il faut prendre. C’est toujours aussi sportif, de rochers en grosses racines qu’il faut enjamber. Partout des zones de brûlis, des troncs abattus.



Puis nous accédons à une zone plus plate, pelée, au bord d’une colline de gros graviers. Un nouveau paysage, une sorte de haut plateau cerné de montagnes nous attend. Quelques petites poses botaniques et entomologiques sont bienvenues pour récupérer.



Nous descendons, passons une petite forêt de mimosas, puis une forêt de sapins bien calcinés. Descendant toujours, nous arrivons à Ambatofotsy, magnifique avec ses lignes parallèles de rizières en terrasse. Les gens sont au travail, les plantations de riz sont moins avancées que dans la plaine.



Pas de cultures contre saison ici.  Mais nous ne voyons rien qui ressemble à un CSB, même en inspectant les montagnes avec le zoom photo.


Nous nous arrêtons dans une ferme et demandons « Ambatofotsy CSB1 ? ». Dénégation. Un vieux monsieur s’approche et corrige « Ambatofotsy hôpital ? ». Et de nous montrer qu’il faut traverser le plateau par la gauche, remonter toute la pente, et suivre la crête sur la droite. Devant notre air perplexe, il nous guide fort gentiment pour traverser les rizières par des raccourcis, et nous mettre sur le bon sentier. Nous cheminons au milieu des sapins. Des coups de cognée indiquent des zones d’abattage : les charbonniers sont au travail. Premier petit pont sur deux bouts de tronc : ça va.



Le suivant me laisse plus songeuse : c’est quand même bien profond dessous, et ce gros tronc, même s’il a été taillé, présente une inclinaison certaine. Je respire un bon coup, et ça passe.


  Florian traverse en regardant le paysage, il a l’habitude. D’ailleurs, il marche avec ses tongs. De temps en temps, nous inspectons les hauteurs avec le zoom de Florian pour essayer d’apercevoir ce fichu CSB.

 
 Enfin, bien loin, nous remarquons un groupe de constructions pas du tout malgaches, avec un drapeau. Nous faisons le pari que c’est bien là notre destination. Pari tenu et gagné. Le CSB est tout pimpant : le gardien est en plein nettoyage et taillage des parterres.

L'infirmière et son fils
  Les habitants sont surpris de notre arrivée : notre venue a été annoncée, mais pas confirmée. Une installation bizarre interroge : un tuyau plastique part de la borne et arrive dans une bassine, devant le CSB.

Le système D pour récupérer un peu d'eau
 C’est ainsi que l’infirmière fonctionne depuis plusieurs mois : l’eau n’arrive qu’à un rythme un peu plus soutenu que le goutte à goutte. Elle est donc obligée d’anticiper de loin, et de stocker de l’eau dans des récipients divers et variés. Elle me fait visiter les différentes pièces, bien tenues. Même si un des lavabos est incomplet, les autres sont propres, mais sans aucune arrivée d’eau. Les matelas de la salle des malades, s’ils sont recouverts de tissus ou d’alèzes visiblement lavés, sont en bout de course. Pour un espace de convalescence, c’est problématique.


 Notons l’infiltration d’eau par le toit dans son bureau. Un frigo congélateur, livré par le ministère de la santé, trône dans une pièce. Il est alimenté par deux panneaux solaires posés sur le toit. L’infirmière est très fière de montrer qu’il fonctionne bien.
 
Nous sortons ensuite, faire le tour des bâtiments : la maison des familles, où elles peuvent cuisiner, est en piteux état, le toit ne résistera sans doute pas aux prochaines pluies. Le bloc sanitaire, les bacs à linge ont perdu leur destination première : il n’y a plus d’eau, mais c’est propre. Dans la discussion, nous apprenons qu’il y a eu un tremblement de terre quelques mois auparavant : la maison du gardien s’est effondrée, le porche n’a plus qu’un moignon de pilier. Peut-être que cela a endommagé la ligne d’eau ? A moins que des filtres soient encrassés, ou des tuyaux bouchés. Nous décidons de nous rendre sur la zone de captage de la source. Florian escalade le bloc : le débit est bon.


 Mais la dalle de fermeture a disparu. Nous rebroussons chemin, vers un second point d’eau, situé à mi chemin du CSB : une petite goutte tombe de temps en temps dans un bidon. Est-ce un point d’eau du circuit ? Perplexes, nous regagnons le CSB.



L’infirmière me confirme son accueil des matrones pour les accouchements (en moyenne 4 par mois). Conclusion : un CSB sans eau n’est absolument  pas acceptable. Les vêtements donnés sont soigneusement pliés et posés sur une table. Nous approchons de midi. L’infirmière et son mari nous proposent de partager leur repas, puis de redescendre avec eux sur Manandona. Nous coupons les samoussas de notre pique-nique en 4, et posons sur la table nos bananes. Nous savourons un délicieux riz rouge pluvial, arrosé d’un bouillon de poulet. Puis, la petite famille se prépare : le sac est prêt, Ryan (leur petit garçon de 3 ans) habillé chaudement, les volets fermés. C’est parti pour le retour, qui n’a rien à voir avec le circuit du matin. Le ciel est très chargé, l’orage gronde tout autour du plateau. L’allure est soutenue. Un quart d’heure plus tard, nous croisons un père conduisant sa fille au CSB, car elle est malade. L’infirmière et sa famille rebroussent chemin, après nous avoir indiqué quelle piste suivre. Nous avançons et cheminons dans des hautes herbes, des mimosas encore, dans des espaces où l’herbe rase, reverdie par les pluies, ressemble à un gazon de golf.  Des cris dans notre dos : la famille de l’infirmière nous a rattrapés. Papa longues jambes donne le rythme, son fils sur le dos. Il ne tarde pas à nous distancer.


Le ciel est vraiment gris, les grondements du tonnerre se font entendre, et nous voyons des nuées tomber au loin. La pente s’accentue, et je suis à la traîne. Le groupe se scinde, Florian et l’infirmière ralentissent leur rythme pour m’attendre. Nous aurons la chance d’arriver au gîte avant le déluge qui s’abattra ensuite. Nous attendons Jacques, qui est en reportage au Rova. Pour finir la journée, une bonne douche chaude, un bon repas, et au dodo, exténuée mais contente.
Claudie
Dimanche 1er novembre 2015
Pour un temps de Toussaint c’est un temps de Toussaint !  Toute la nuit des trombes d’eau ont martelé les tôles du gîte nous réveillant à plusieurs reprises. Comme d’habitude accompagnées de terribles coups de tonnerre.
Voahangy prépare son fer pour repasserr les habits du dimanche
 On se lève tranquillement. Pour une fois Claudie tourne le dos à la porte fenêtre : la vue de ce triste temps accentue les frissons qu’elle subit depuis son lever. Devant la menace nous renonçons à l’office luthérien où nous étions conviés. Bonne idée car le déluge revient et le devant du gîte se transforme en torrent avec cascades que les fidèles endimanchés contournent tant bien que mal.



Certains se déchaussent pour le franchir et protéger ces précieux accessoires. C’est impressionnant. Un peu d’accalmie permet à Jacques d’aller au ravitaillement THB. Il s’aperçoit alors que la foule des grands jours est dans la rue… le temps de remonter déposer la précieuse cargaison dans le frigo tout neuf et prendre l’appareil photo que la pluie recommence. Nous voilà coincés à la maison.

L'heure du blog
Ça n’empêche pas qu’on ait de la visite : d’abord Francine qui veut remettre des choses à Paul puis Vola qui accompagne Edith et sa maman. Nous leur remettons ce que Daniel et Edith nous avait confié pour elles. Vu leur état vestimentaire cela leur sera bien utile. Nouvelle accalmie, Claudine et Camille arrivent pour déjeuner avec nous. Suite à des quiproquos réciproques, Voahangy nous croit ailleurs et nous, nous l’attendons. On la retrouve et en quelques minutes notre repas sera prêt. Nous restons un long moment paisible à discuter des projets des uns des autres de la vie aussi… Le soleil brille un moment, elles en profitent pour rentrer. Claudie va se reposer, ça va pas trop fort. J’essaie en vain de changer une ampoule (saloperie de douille chinoise !) dans le dortoir. Je reverrai ça demain. Vers 16h la présidente et le trésorier d’Amitié France-Madagascar basée près de Bordeaux s’arrêtent au gîte. Nous passons une heure avec eux à discuter de nos projets respectifs, à comparer nos expériences. Eux aussi sont sur des projets géraniums et jardins avec des ingénieurs agro malgaches. Ils ont aussi du mal avec la motivation. Par contre ils travaillent avec une école d’agriculture professionnelle dont les élèves sont en internat. Priorité aux exercices pratiques, ils en espèrent beaucoup. On leur fait visiter le jardin vitrine qu’ils trouvent formidable (bravo transmis à Florian et demain à Vola et Herizo), mais comme le jour baisse, ils s’en vont car il leur reste de la route à faire. Paul rentré d’Antsirabe a pu aussi les rencontrer et participer aux échanges. La nuit tombe et l’électricité aussi. Cette journée pluvieuse n’a pas permis une recharge des batteries. Où se trouve la misère de la centrale solaire ? Paul s’en arrache encore quelques cheveux ! Quant à nous tous ce sera veillée à la frontale et dodo rapide. Sans compter que mettre ce blog en ligne (l’abonnement internet est de nouveau actif) à la lampe frontale a quelque chose d’ubuesque !
Jacques et Claudie



 Le billet du botaniste
Incroyable nature, quand elle arrive à reproduire des formes identiques à l’infini, ou bien à reconstituer une géométrie tout du long du développement de la plante. On pourrait même aller jusqu'à se demander (avec justesse !) si la botanique ne pourrait pas s’accoquiner avec les mathématiques ? Je ferais hérisser le poil à plus d’un étudiant de bio. 

Je vous présente ici une petite myrtaceae, dont vous me pardonnerez de ne pas connaitre le petit nom, à la structure tout a faire particulière. Feuilles opposées décussées, tout semble parfait. Et tout cela est régi méticuleusement par la petite usine hormonale présente dans les méristèmes (ou bourgeons). Certaines contrôlent la division cellulaire, d’autres la différenciation cellulaires, tandis que d’autres encore contrôlent la quantité de divisions qu’il faut.
Si elles s’entendent bien, cela ne les empêchent pas pour autant de se mettre des bâtons dans les roues les unes les autres. Donc chacune contrôle les autres, ce qui abouti à une parfaite symétrie, et avec le dosage parfait dicté par un code génétique intransigeant sur la quantité d’hormone a produire.
Bref, tout ça pour dire, ça a beau être compliqué, si on la regarde simplement, la nature est tout bonnement magnifique. Si on se penche a savoir pourquoi, ce n’est plus la même donne. Restons simples, et émerveillons nous de ce que dame nature nous donne !
 

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