vendredi 30 octobre 2015

Aventures à Sahanivotry

Jeudi 29  et vendredi 30 octobre 2015

Jeudi
On a beau vouloir partir de bonne heure après le petit-déjeuner, il y a toujours des imprévus : Rivo qui revient nous donner un document, Naja qui doit aller faire le plein de la moto et Philibert qui vient nous parler de la réunion de samedi sur l’eau où il est déjà pris pour un mariage. Bref ce  n’est que vers 9h qu’on enfourche la moto pour Sahanivotry, on a drôle d’allure : moi avec le sac à dos devant et Claudie derrière avec le sien sur lequel on a greffé deux paires de nu pieds au cas où. On file à la mairie où Raymond nous attend avec Richard Athanase. On pose nos sacs dans son bureau et c’est parti, direction plein sud sur la RN7.


Juste à la sortie du village on bifurque sur la droite vers un chemin « carrossable », pas trop difficile précise Raymond. On ne dira pas que c’est un garçon optimiste ou qu’on a des interprétations différentes de « facile », mais au bout de 500 m et deux chutes molles sans bobos dans l’herbe (un rétro de moins, un), Claudie et moi jetons l’éponge et la moto au bord du chemin. Une famille nous la gardera avec nos casques pendant notre équipée.

La maison des gardiens de moto
On continue donc à pied et c’est Raymond toujours aussi calme qui fera deux tours pour nous conduire au bout du chemin « carrossable ». Richard connait plein de raccourcis qui font qu’il arrive en même temps que Raymond et Claudie ! Nous sommes maintenant hors de portée de RN7 (environ 8 km), loin de tout, dans des vallées magnifiques insoupçonnables.


 Le relief est vraiment différent de celui de Manandona, ici plus de larges vallées mais de petites zones cultivables de chaque côté de la rivière, entourées de montagnes plus abruptes.

 
Mais même ici, loin de tout, il y a des maisons de briques pimpantes et plein de gens dans les champs et dans les cours. On ne passe pas inaperçus avec nos beaux maillots AM. Une marche de 2 autres km au milieu de rizières et de mûriers pour l’élevage des vers à soie (on y plante des arachides et du maïs entre les mûriers), nous amène au bord de la rivière qu’il nous faut maintenant traverser.




C’est une confluence qu’on passait à gué, mais depuis les pluies, c’est une pirogue qui assure le passage d’une rive à l’autre. En fait c’est un tronc évidé. On y monte avec circonspection, en douceur, à genoux. C’est Claudie qui commence (ça lui apprendra à faire du kayak).

  
Ça tangue un peu on se retient d’éternuer. Le gondolier a une maîtrise remarquable de sa perche, de la pirogue et du courant. Raymond et Richard-Athanase, plus confiants montent ensemble au dernier voyage. L’eau frôle les bords de l’esquif… ce qui n’a pas l’air de les surprendre du tout !



 Ensuite c’est une nouvelle marche à pied, plutôt verticale, car l’école de Maromanana a été construite tout là-haut. C’était bien là que nous voulions venir. Il est 11h30.

 
Les maîtresses sont toujours là pour nous montrer l’école. Il n’y a plus beaucoup d’élèves car c’est le jour de distribution des kits scolaires offerts par le ministère de l’éducation nationale mais payés … par le Koweit !


 La directrice nous rappelle que Raymond fut son élève et aussi qu’elle est très fière de compter 15 bacheliers parmi ses anciens élèves…


Nous visitons les classes bien entretenues mais avec des misères qu’on nous sollicite de résoudre. On prend note et on en reparlera. Quand même, il n’y a pas d’eau et les toilettes, si elles disposent d’une vue imprenable, ne sont guère encourageantes.
 
Les 5 institutrices s’excusent de ne pouvoir nous offrir à déjeuner et nous tendent une enveloppe avec de l’argent pour pouvoir manger ailleurs. Bouleversant. On refuse avec gentillesse cette attention touchante en disant qu’on nous attendait à Sahanivotry pour le déjeuner. C’est alors le retour : descente, passage devant la grosse maison du trafiquant d’or, traversée en pirogue, marche vers la moto, transfert avec Raymond jusqu’à la nôtre et enfin arrivée chez Richard Athanase à 15h passées. Gertrude nous attend depuis plus de deux heures…


Nous parlons de la vie du village et de ce que nous avons vu ce matin. Un passage au CSB2 nous permet de photographier une carte de la commune où nous pouvons replacer les fokontany avec précision. Un moment aussi pour discuter avec le docteur Mickaël et l’infirmier. Raymond tient à ce que nous allions dormir chez lui pour des raisons de sécurité. C’est une grande maison à la sortie sud du village entourée de hauts murs, au ras de la RN7. Il fait encore jour et il nous propose d’aller voir les jardins de géraniums et autres plantes.


 Florian et Vola sont venus le matin s’occuper des boutures pour contrôler leur état, et la couverture ombragée pour les protéger des ardeurs du soleil. Nous faisons le tour et voyons la pompe rouge en place. Il y a des parties fort ingrates où rien ne pousse encore bien. Le jardin de Manandona nous fait meilleure impression. La propriétaire ne nous réclame ni tôles ni charrette. On doit lui paraître sans grand intérêt.


 De retour à la maison, Raymond nous parle de ses arbres fruitiers, de sa vie aussi. C’est un peu plus tard à la bougie, que nous prenons le repas. La femme de Raymond n’est pas là, mais à Antsirabe avec leurs enfants. Il se fait tard, alors un petit tour aux toilettes extérieures et dodo.


Vendredi
On se raconte que le bruit de convois de camions nous a parfois réveillés. C’est déjà le jour et par les fenêtres (pas étanches du tout) on entend les cris des élèves en route pour l’école. Il fait beau. Nous prenons le petit déjeuner malgache (riz sans sel, morceaux de viande de zébu frits, mofgasy – petit gâteau de farine de riz sucré - et café pour nous). On ne fait pas honneur au riz…



Nous échangeons beaucoup et Raymond nous apprend énormément de choses sur sa commune : sur les 12000 habitants de la commune, 60% ont moins de 15 ans, que le fokontany de Lambolo est plus peuplé que celui de Sahanivotry (3500 habitants contre 1600), mais que c’est la localisation sur la RN7 qui a prévalu, etc…


 Nous prenons la direction de la maison de Richard Athanase pour y laisser moto et bagages en dépôt, pendant que Raymond reprend ses fonctions de maire à son bureau.

Le déménagement par la rizière des tables bancs du lycée, eux passeront le gué !
 Pour aller à Ambohimanarivo, nous devons traverser la rivière Manandona, mais au passage de gué, il y a de l’eau jusqu’à la ceinture. Heureusement le bac en tôle a repris du service, en amont du village. C’est un service public gratuit. Nous traversons donc avec beaucoup moins d’états d’âme que dans la pirogue d’hier.


 Le chemin nous est connu. En quelques jours, la rizière que nous avons vue plantée, a poussé de façon spectaculaire. Nous croisons chemin faisant l’enseignante de pré scolaire et ses petits élèves dont certains osent nous dire bonjour. Personne ne pleure cette fois à notre vue.

 Milson, le sous directeur vient à notre rencontre. Il a aussi invité Désiré, le président des FRAM. La Directrice n’est pas là : elle prépare le mariage de son fils aîné à 70 km.


Jacques explique comment l’embase de la nouvelle pompe devra être fixée, le Responsable FRAM propose une participation active.madame Vola, professeur au CFP, sera notre relais technique et assurera la surveillance de l’exécution des travaux. Il reste une dernière vérification, importante : mesurer le niveau et la hauteur d’eau.


  En effet, de nombreux puits ont été creusés, et le niveau d’eau a bien baissé. Avec une ficelle empruntée chez le voisin, un bâton, une pierre, les repères sont pris : c’est concluant, l’eau est à 7,15 m sur plus d’un  mètre de profondeur. La pompe sera posée fin décembre. L’ancienne sera démontée et mise de côté, afin de vérifier si elle est réparable et transférable ailleurs.
Nous allons ensuite dans les classes, assister à des morceaux de cours. On sent une bonne volonté évidente, des élèves attentifs, mais quelles difficultés avec le français ! Il y a aussi un manque patent de formation des maîtres : dans cette école, deux enseignants sont titulaires, trois ont été recrutés au niveau bac par les Parents d’élèves.




Les effectifs à 53 par classe n’arrangent pas les choses. Cependant, de nombreuses lettres ont été rédigées pour les copains français de l’école de Gennes. Nous emportons avec nous ces précieuses missives. Nous prenons congé, très émus, Milson nous raccompagne jusqu’au bac.


 Cette fois, c’est le grand frère qui est à la manœuvre. Nous sommes arrêtés par les carriers, où la jeune femme enceinte nous remet deux petits sacs d’échantillons de pierres du coin comme un échange à ce que nous lui avions donné. Nous lui souhaitons bonne chance pour son bébé, et bonne fête pour le mariage qui aura lieu dans un mois. De retour chez Gertrude et Richard Athanase, nous récupérons nos petites affaires.
 
Richard aimerait bien continuer à parler en français, pour améliorer sa pratique. Adieux empreints d’émotion, et de « A l’année prochaine ! »


Nous retournons à Manandona sur notre cheval mécanique. Nous retrouvons toute l’équipe, télé et frigo sont livrés : c’est le retour à la vie moderne ! Voahangy nous cuisine des samossas magnifiques, mais la doctoresse invitée nous fait faux bond. Chic, on va aller se coucher de bonne heure !!!
Jacques et Claudie
Le billet du botaniste
Les orchidées sont championnes. Premières sur le podium, une belle médaille d’or. Ce sont les plantes qui font les graines les plus petites du monde -jusqu'à preuve du contraire car les naturalistes ont toujours de belles surprises.


 Les fruits des orchidées, les « capsules » (et non pas des gousses, malgré ce que l’on puisse dire des « gousses » de vanille, qui n’en sont pas), contiennent plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de graines.
Lorsqu’elle sèche, la capsule va s’ouvrir par trois fentes sur les cotés, et va laisser s’échapper ces futurs espoirs de couleurs chatoyantes, minuscules embryons qui ne sont constitués que de quelques cellules seulement.
Aucun moyen de les voir a l’œil nu. Seul le microscope pourra nous aider à les voir.
Les orchidées n’ont pas misé sur la qualité de leurs graines. Mais bien sur la quantité qu’elles pouvaient produire. Elles se dissémineront au gré du vent, se coinceront dans de petits interstices, ou bien tout simplement par terre. Il faudra alors qu’elles trouvent soit le bon compagnon champignon pour germer, soit trouver l’endroit parfaitement propice qui puisse lui fournir tous les éléments dont elle aura besoin, car elles n’ont strictement aucune réserve, contrairement à la plupart des autres graines.
Dire que ces grains de poussières deviendront ces nobles dames que certains collectionneurs s’arrachent a prix d’or !
Flo(rian)

mercredi 28 octobre 2015

Les nids de poules malgaches, une espèce endémique en pleine expension


Mercredi 28 octobre 2015

Il fait beau après une nuit de déluge. Heureusement hier, Claudie a vite recreusé la rigole extérieure et l’eau n’est pas passée sous la porte. Par contre une petite souris grignoteuse l’a tenue éveillée une autre partie de la nuit tandis que les ronflements de Paul ou les miens ne l’incommodent plus du tout (les siens non plus d’ailleurs). Ce matin au petit déj, surprise : un grand bol de spaghettis parfumés à la soupe chinoise. Ça passe, sauf Claudie qui botte en touche pour une banane coincée entre deux morceaux de pain plume qui part en partie en poudre à chaque bouchée. Ça me fait envie aussi, bien que sans beurre…
On voit Nina à qui je demande une attestation de domiciliation malgache pour confirmer ma signature de compte. Comme les visites de réseaux sont annulées, Philibert a obtenu deux rendez-vous un peu protocolaires mais bien importants, le premier avec la responsable du district (équivalent à sous-préfet(e) et l’autre avec le chef CISCO (équivalent à l’appellation ancienne d’Inspecteur d’Académie). C’est donc une véritable expédition qui part de Manandona. Paul derrière Philibert et Claudie derrière moi. En route vers de nouvelles aventures… la route est toujours aussi délicate mais suivre la trajectoire de Philibert me simplifie la vie. La moto cache bien sa puissance (ses 200 cm 3 font la différence avec la 125 de Philibert), surtout dans les côtes, mais il y a des détails qui forcent la prudence : le sélecteur de vitesses est tordu et je ne passe les rapports qu’avec un bout de chaussure, le débrayage est dur et efficace seulement en fin de course… par contre les freins sont très rassurants. Premier arrêt à la banque car ça y est, après avoir âprement négocié on va acheter le frigo et la télé pour la bibliothèque. Il faut donc faire la queue et inaugurer ainsi ma signature toute neuve sur le compte AM. Pas de carte de crédit, pas de chéquier donc on fait un chèque volant que l’on remet à une aimable caissière qui nous remet un paquet de billets. Chouette nous voilà millionnaires ! Pas pour longtemps car nous nous précipitons au magasin remettre l’argent pour passer commande avec livraison prévue demain. C’est Paul qui en assurera la réception et l’installation. Ici point de garantie annuelle ni d’extension proposée. Normalement c’est rien et là c’est 30 jours comme une faveur exceptionnelle. Cela permettra dans les quelques jours qui restent de régler la télévision (à laquelle on a rajouté une antenne à… 5€) et de vérifier le bon fonctionnement du frigo (avec quelques THB par exemple). Paul est très heureux (nous aussi), cela garantira l’hygiène et mettra un attrait nouveau à la bibliothèque. Tellement heureux qu’il achète un poste de radio tout rouge pour 10€ afin de pouvoir capter RFI pour les exilés de l’info que nous sommes (trop lourde à capter sur internet).

L'échoppe de rue où Paul a acheté la super radio, plus loin ce sera l'antenne TV
 On reprend les motos direction le bureau du district. C’est au milieu de rien, à 20km d’Antsirabe, sur le bord de la RN7, au nord, direction Tana. La route bien souvent a plus de trous que de bitume. Prudence !

 Nouvelle surprise, nous arrivons à la fin d’une réunion des maires du coin et rencontrons donc Justin et Raymond. On arrive à « convaincre » Justin d’assister à une réunion samedi matin en présence des responsables de réseaux et des chefs de bornes, toujours à propos des cotisations d’eau. Aucun mot sur les lapins d’hier et d’aujourd’hui. Quant à Raymond il nous annonce que pour des raisons de sécurité ( ?), il nous hébergera demain chez lui, à Sahanivotry. Quid de Richard Athanase et Gertrude ? On lui demande de les prévenir. En attendant notre tour nous pouvons lire une charte du contribuable que nous ne pouvons qu’approuver ! 


Puis c’est à nous d’être reçus par la responsable du district, en uniforme (galons et casquette à dorures pas loin). La rencontre est fort sympathique , Philibert explique nos actions que nous complétons. Cette visite de courtoisie (elle est nouvelle dans le poste) se termine par une photo de groupe sur le perron du bâtiment. 

Les premières gouttes s’annoncent. Retour sur nos cavales mécaniques un peu effrayées par les routes de plus en plus mouillées. Dans Antsirabe la CISCO (inspection académique) ne fait pas rêver ! 

Là encore le chef n’est en poste que depuis 6 mois, mais connaît très bien Philibert. A son tour il écoute nos exploits attentivement, attendant de nous placer une demande de construction bien au-delà de nos zones d’action. Nous évoquons les problèmes des lycées, du CFP, des écoles primaires, des formations… 

 Il nous précise que l’Ambassade de France et le ministère de l’éducation malgache ont mis en place un plan de formation systématique des enseignants en français. Il soulève la question de la langue de l’enseignement (« certains enfants parlent mal le malgache, alors le français… »). Il est 14 h, il pleut à verse ! Nous vous disions Antsirabe ville d’eaux, on peut même dire de seaux d’eaux. On file en traversant flaques et bosses (le trou plein d’eau mesure –t- il 5 ou 50 cm ?) avec toujours la crainte de glisser ou de culbuter quelqu’un. Heureusement Claudie fait confiance et c’est plus facile de contrôler la machine. On n’a beau rouler qu’en première ou en seconde c’est pas trop rassurant. On pose la moto chez Albine. Les Pidoux nous aperçoivent et nous offrent l’apéro. Après le repas pris chez le chinois (quel filet de zébu !) nous faisons un peu d’internet.

Côté cyber
Côté bistrot wi-fi
  La pluie redouble et le jour faiblit. Pas question d’attendre plus longtemps, on enfile les Kways et on file réenfourcher nos bolides. 


 Quel retour ! Pluie, éclairs et nous au milieu. La sortie de la ville est vraiment interminable entre les bus les camions les pousse les gens les trous d’eau.

Le départ de Paul et Philibert avec l'antenne TV toute neuve
La campagne est plus paisible mais gare aux virages et aux descentes. Philibert, plus habitué, nous attend plusieurs fois pour s’assurer qu’il ne nous arrive rien. Nous arrivons au gîte secs sous nos coupe vents, mais trempés de la taille aux pieds. Transis aussi.  Séchage, change sec, étendage du linge dans la chambrée et c’est reparti. Il est temps d’accueillir Naja, Vohiren, sa femme et leur jeune fiston Najain venus dîner avec nous.

Bien agréable soirée avec du fibata (excellent poisson d’eau douce) au menu.
Si le temps le permet, demain et vendredi nous serons à Sahanivotry, donc il nous sera impossible d’envoyer le journal faute de liaison internet…
Jacques et Claudie

mardi 27 octobre 2015

Encore une histoire d'eau

Mardi 27 octobre 2015
Cette nuit, nous avons eu droit à des pluies impressionnantes, qui ont fait chanter les tôles du toit. Et ce matin, il faisait grand soleil. Rosa, comme d’habitude, a commencé sa journée en allant chercher de l’eau. 


 M. Rivo, fabricant de pompes, a rendez-vous avec mme Vola des jardins, à propos de la pompe du jardin de Sahanivotry. Nous en profitons pour évoquer la commande probable d’un exemplaire pour l’école d’Ambohimanarivo. On discute aussi des adaptations nécessaires à la configuration du site. Voilà une affaire rondement menée et quasiment réglée. Nous récupérons ensuite la moto avec ses clés, ses papiers, de l’essence et deux casques, qu’il faut régler. La moto fait beaucoup de bruit, ça nous change des vélos. Je m’installe derrière, les mains cramponnées au porte bagage, le casque dans l’alignement de celui de Jacques. Il doit faire très attention : aux nids de poules, aux vélos, piétons et poules qui traversent selon leur désir. Ne parlons pas des camions de toutes tailles qu’il faut éviter ou doubler. Finalement, après une demie heure de pétarades, nous nous garons sans encombre devant la banque à Antsirabe. Un peu d’attente, et nous rencontrons Daniella, l’employée qui s’occupe des comptes AM et VS. La mise à jour des papiers est très rapide, et nous pouvons continuer notre liste de choses à faire.


 On pose la moto et les casques chez Albine, et nous allons regarder et relever les prix  des télévisions et réfrigérateurs dans le magasin en face.
Puis, à la quincaillerie, nous achetons des douilles et des lampes LED, ainsi que 30 mètres de tuyau d’arrosage souple pour Dada Menje, afin qu’il puisse nettoyer plus efficacement les panneaux solaires. Un petit tour au Shoprite, le mini supermarché très occidentalisé d’Antsirabe pour y acheter quelques spécialités avant d’aller skyper avec Henry. 

Antsirabe: une ville d'eau !
Nous ne pensions pas qu'il y avait tant de pièces en usage à Madagascar
Un petit tour des dernières nouvelles et réunions, un envoi de Blog , notre courrier et une THB pour justifier de la connexion wifi (très bonnes cacahuètes). Avant de rentrer, on passe saluer les Pidoux et reprendre moto et casques. 

Dernière photo avant le départ
La route du retour est compliquée pour sortir de la ville, tant les rues sont encombrées et défoncées. Une petite pluie mouille la route et force Jacques à ralentir pour éviter les glissades. Nous arrivons vers 13 h, et déjeunons de bon appétit après toutes ces émotions. Vers 14h, Nina vient nous rejoindre et nous attendons Justin, le maire, qui doit nous mener « sensibiliser » les utilisateurs des bornes des différents réseaux. On l’attend encore. Paul lui téléphone, et apprend que ce ne sera pas possible encore demain, contrairement à ce qu’il nous avait promis la semaine dernière. C’est bien décevant. Jacques s’occupe des comptes de l’eau avec Nina, Paul va voir ses copines religieuses d’à côté qu’il arrive à rencontrer cette fois et avec qui il évoque le réseau Laurentine qui semble s’orienter vers les mêmes hauteurs de cotisation que les autres réseaux d’eau de la commune. Pendant ce temps-là, je tape à l’ordi la traduction de la lettre d’engagement d’Ambohiponana. 

La vallée de Manandona depuis Ambohiponana
"Comme nous ce matin !"
 On manque un peu d’air : allons voir où en sont Camille et Claudine dans leurs travaux. Elles ont lancé la dernière cuisson des 35 000 briques, et les maçons sont en train d’enduire les murs des pièces du bas. Le ciel se fait de plus en plus menaçant, il y a même des éclairs vers le nord : il est temps de rentrer se mettre à l’abri. Nous mettons les Kways, mais arriverons à temps avant le plus fort de l’averse. 

Noé nous apporte un drôle d’insecte avant d’aller s’occuper d’allumer le brasero pour sa maman. 




Voahangy nous prépare encore un très bon repas et je lui ai demandé sa recette de beignets de légumes.
Claudie et Jacques

La recette de la cuisinière : les beignets de légumes.



Pour 5 personnes : 300g de farine, 3 œufs. Légumes cuits : pommes de terre, carottes, une petite betterave pour donner de la couleur et ail râpé, oignons, ciboule…Couper en petits bouts. Mélanger tous les ingrédients. Saler et poivrer.  Faire frire dans une poêle avec de l’huile, en tapotant la pâte pour aplatir les beignets. Servir chaud ou tiède avec une salade, c’est aussi délicieux en pique-nique froid.
Voahangy

Le billet du botaniste

Les feux de brousse. Négatif ou positif pour l’environnement et la flore ? Il va être difficile de se faire l’avocat du diable, mais essayons tout de même. Car il ne faut pas oublier que, malgré tout, originellement, les feux sont d’origine parfaitement naturelle.
Je ne vous citerai ici aucun argument à l’encontre des feux de brousse. Mais il faut savoir que les savanes sont des écosystèmes qui « fonctionnent », c'est-à-dire qu’ils existent, qu’ils se maintiennent, avec leurs propres mécanismes et qu’elles perdurent. Elles ont aussi leur flore et leur faune spécifiques.
L’auto-maintien des savanes se fait car une forêt ne peut pas se réimplanter à cet endroit puisque l’herbe, devenue quasi omniprésente, empêche toute repousse de nouveaux arbres et qu’elle servira d’amadou pour les feux à venir, qui vont brûler toutes les jeunes pousses.
Mais la nature est ainsi faite : elle s’adapte. Les espèces végétales (dans un premier temps) et animales (dans un second temps, dont je ne parlerai pas) font avec ces feux qui reviennent d’une année sur l’autre. Les espèces survivantes ont donc été sélectionnées de par leur capacité à survivre dans ces milieux à forte contrainte. Par exemple, les pachypodiums sont gorgés d’eau ce qui les empêche de brûler. Certaines espèces ont développé une écorce épaisse les protégeant du feu, d’autres ne germent qu’après un feu. Certaines ont leur cycle reproducteur parfaitement adapté et le feu peut être comparé à un banal hiver.
Ce qui fait se diversifier les individus et les espèces, ce sont les contraintes naturelles, et la sélection naturelle qu’elles provoquent. Ainsi, les savanes ont permis l’existence d’espèces xérophytes résistantes aux feux. Espèces qui n’existeraient pas sans ces feux de brousse.
Ibity a brulé la semaine dernière, et j’en suis très attristé.
Flo(rian)