jeudi 23 octobre 2014

Mercredi 22 octobre

Mercredi 22 octobre
Cette nuit après avoir mis en ligne le blog j’ai regardé mes mails et j’y ai découvert le message que je redoutais depuis quelques jours nous annonçant la mort de mon ami Philippe Wiel. Marie Françoise, sa femme, et lui suivaient nos voyages comme une évasion à la maladie qui le dévorait. Formateur, historien, humaniste, travailleur infatigable, c’était un plaisir de travailler avec lui. Tu vas nous manquer l’ami.
Ce matin il fait toujours beau, et tandis que je pense au chagrin de Marie-Françoise et des siens, dehors, une voix enfantine chante un chant religieux dans le grand calme du jour qui se lève.
On se lève tôt (5h30) car Michel doit passer nous prendre en 4x4 pour aller à Ambatofinandrahana voir les sœurs Jeanne de la Noue qui y travaillent sur des jardins depuis plusieurs années. Cette commune de 40 000 habitants se trouve au sud ouest

Une pierre levée et des piétons sur la RN7
à plus de 100 km d’ici. Il faut d’abord passer par Ambositra sur la RN7 avant de s’enfoncer de plus de 40km à l’ouest sur une vilaine route bien abîmée. Les paysages sont splendides mais la déforestation féroce. De plus en cette fin de saison sèche les incendies de brousse sont légion et les zones noircies nous désolent, et particulièrement nos herboristes Bints et Michel. Sont aussi du voyage Philibert, Joséa, Coline, Blandine et moi. La voiture est pleine ! Le chauffeur Tiana, est un peu brusque et ajouté à la route très sinueuse il rend un peu malade les passagers de l’arrière du véhicule. Je suis surpris de la dégradation de la RN7 dont je gardais un excellent souvenir. Le chauffeur nous dit que depuis plusieurs années maintenant il n’y a pas eu d’entretien.
Vers 10h, au sommet d’une colline, on arrive sur une grande surface dégagée où se dressent deux bâtiments neufs. Sur plus de 50 ha la congrégation a installé une ferme biologique, financée par le Rotary Club international (très gros investissement) consacrée aux huiles essentielles. 

Sœur Rolandine montre à Michel un plan de géranium

C’est sœur Rolandine qui nous accueille, petite femme énergique et drôle qui parle un très bon français, qui nous guide pour nous montrer les débuts de cette installation. En collaboration avec d’autres associations (Aider en particulier) elles ont installé des pépinières impressionnantes et déjà planté entre autres des géraniums. 

Les pépinières de plantes aromatiques

 Au loin des milliers d’arbres ont été plantés pour assurer l’autonomie énergétique de la ferme pour les distillations. L’alambic tout inox est déjà installé dans le bâtiment technique qui est d’une qualité de construction rare ici. Centrale solaire et tout et tout… 

La salle de distillation

 première distillation prévue en mars 2015. Il y a aussi un espace de création de semences (carottes etc…) et pour que tout cela puisse marcher dans ce coin perdu, un forage (85 m) assure l’alimentation en eau de l’ensemble. Le travail est assuré par des journaliers (2500 Ar , 0,75€ par 5h de travail). Époustouflant résultat. Nous reprenons la route et filons jusqu’à la maison mère de cette congrégation d’origine Saumuroise dont l’essentiel des religieuses (180) est d’origine malgache. 

 
Le bâtiment de la congrégation où vivent une dizaine de personnes...
 Elles ne sont qu’une dizaine à habiter un énorme bâtiment magnifiquement entretenu. Sa taille permet les regroupements épisodiques mais aussi l’accueil de congrès etc… Faut y venir quand même ! Nous y sommes attendus pour un déjeuner discussion sur les jardins avec la religieuse responsable de ce secteur et un des formateurs. Ici les jardiniers sont sélectionnés par une commission qui leur attribue une aide à la création progressive sur 3 ans seulement. Cette aide comprend la formation et la fourniture d’outils et de graines. Les jardiniers ont le terrain qui, souvent se trouve à proximité de leur domicile. Un seul exemple d’un terrain comptant plusieurs jardiniers sans terre. Ils ont ici déjà implanté plus d’une centaine de jardins.
 
Pendant le repas la discussion continue...
  Le repas est chaleureux, très copieux, on sent que cette rencontre est un évènement joyeux pour ces religieuses isolées. Sœur Rolandine tient des propos extrêmement courageux sur l’avenir de son pays qui ne pourra progresser que par le travail des laïcs qui devront se passer petit à petit des religieuses et des autres aides. On retient aussi la volonté d’unir les efforts de tous sur ces jardins et les échanges de techniques culturales, de semences etc… Début d’une collaboration recherchée mais que nous n’avions jamais pu démarrer. Nous repartons et passons devant le CFP (Centre de Formation Professionnel) qu’elles dirigent ainsi qu’un énorme lycée pensionnat de plus de 1000 élèves. Le CFP est installé dans un autre bâtiment tout neuf et on nous a fait voir une nouvelle salle de cours pratiques d’électricité qui me font penser à ceux que je donnais au collège il y a 30 ou 40 ans. Le jour baisse et nous traversons encore ces magnifiques paysages. 

 
En haut à droite un feu de brousse démarre...

Avec la fin du jour viennent aussi les incendies. Nous arrivons au gîte vers 19h un peu fourbus, mais en même temps fort contents de cette journée où nous avons vu des réalisations, certes soutenues à bout de bras, qui semblent vraiment marcher.

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