lundi 18 novembre 2013

Sahanivotry



Lundi 18 novembre
J'ai bien mal dormi, la gorge irritée m'a fait bien tousser. Chaud et froid hier ? Bref c'est parti quand même. Philibert passe en coup de vent me parler de la réunion des fokontany qui sont sur le projet social OLDES et je lui demande d'essayer de savoir à quoi ont été utilisés les fonds récoltés, et en quoi cela diffère des GCV (Greniers Collectifs Villageois). A suivre… Il fait beau et chaud et je suis bien content de reprendre la moto pour retourner 6 km au sud, à Sahanivotry passer la journée. Arrivé à la mairie point d'Honoré le chef ZAP (coordinateur pédagogique local). En attendant, Raymond, le maire, m'emmène à deux pas de là voir l'infirmier responsable du CSB2 (Centre de Santé de Base de niveau 2) à qui je remets enfin la boîte de sulfate de potassium. J'ai un peu l'impression qu'il ne sait pas trop qu'en faire. Très à l'aise en français, ça me permet d'avoir une conversation fort intéressante avec lui. Il me décrit le dispositif de santé de la commune et notamment les deux CSB1 perdus dans la montagne comme celui de Lambolo à 7 km du bourg au bout d'une très vilaine piste (quand même 70 accouchements par an alors qu'il y en a 130 ici). L'autre est à 15 km et on n'y va qu'à pied. Je l'interroge aussi sur le système de vaccination qui semble bien fonctionner pour les enfants de moins d'un an avec des cocktails concernant les principales maladies infantiles de la rougeole à la polio en passant par le tétanos et l'hépatite. Il pense que 90% des enfants profitent de ces protections et qu'ils essaient d'augmenter encore… 

Clertant, l'infirmier à son bureau de consultation
Il me fait visiter son local. C'est propre et bien rangé. Très rustique aussi et on tremble à l'idée de complications quelconques pour les mamans ou les nouveau-nés Sur son bureau, bien en évidence, le pèse personne envoyé par Anjou-Madagascar. Je le laisse car des femmes avec enfants sont déjà là à attendre la consultation.
On a retrouvé Honoré au CEG tout proche en réunion avec des directeurs d'école (EPP, Ecole Primaire Publique). Retrouvailles chaleureuses puis comme promis je sors mon ordinateur du sac à dos et je montre dans chaque classe le clip de Lola sur le lavage des mains avec du savon. 

Une classe de 3ème très attentive


C'est pédagogique amusant et très bien fait. Pas habitués à la télé (je rappelle qu'ici il n'y a pas d'électricité), je suis épaté par le calme et l'attention des élèves de la 6ème à la 3ème où le niveau de français est plutôt bon. 



Les cours sont en malgache et en français mais sur les cahiers c'est quasiment toujours en français (pour certains cela semble plutôt du serbo-croate). Les profs aussi suivent ça avec intérêt. A l'issue de ces projections, en quittant le collège je vois les enfants utiliser les lave mains et les toilettes neuves installées en avril dernier par Anjou Mada. C'est bien.
Jouxtant le collège, une des 10 EPP de Sahanivotry, celle du bourg, compte 165 élèves avec une titulaire et 5 FRAM, ces maîtres recrutés et payés par les parents d'élèves. C'est un peu triste et délabré. Les toilettes sont sinistres. Une élève y emmène un seau d'eau pour un nettoyage sommaire. Là encore projection sur mon petit écran de portable et conseils d'hygiène. On sent bien qu'ils connaissent les consignes, mais comment faire avec un seul point d'eau et des toilettes si rudimentaires ? Les instits sont sympas et on réorganise les salles pour que tout le monde voit et entende. Je discute un peu avec eux, on se salue et on reprend les motos pour remonter 2 km vers le nord. Émotion quand on quitte le goudron pour prendre un bout de piste qui passe sur des diguettes entre les rizières. Je suis bien content de franchir l'obstacle sans chuter, mais au retour je céderai le guidon au chef ZAP plus habitué à ce genre d'exercice. 

Le batelier arrive enfin...


Là, au bord de la rivière, nous attendons (un petit quart d'heure) le batelier, payé par la commune, qui doit nous faire passer de l'autre côté sur une barque en tôle. Les ponts les plus proches sont à plusieurs km. Des ados, lassés d'attendre franchissent à pied la rivière, basse encore, au début de la saison des pluies. Nous voici donc au fokontany Ambohimanarivo (2100 habitants et 304 élèves à l'EPP). Ici plus de route, ni moto ni voiture. 

Vue du village depuis le débarcadère

 
Le petit pont de bois qui ne tient vraiment plus guère

Nous franchissons après quelques nouvelles diguettes un pont aux planches inquiétantes avant d'arriver à l'école construite il y a 10 ans avec des fonds de la Banque Mondiale et l'Agence pour le Développement. Belle construction, mais les toilettes sont déjà catastrophiques.

Pas sympathiques les toilettes...


 Il y a des classes de 72 et 75 élèves quand les moins chargées n'en ont que 50. Impressionnant. Ici c'est un puits de 14m qui alimente en eau potable le point d'eau à l'aide d'une pompe à bras très efficace. 

 
Quelle attention encore.

Projection de classe en classe (par demi classe vu les effectifs) et quand les enfants s'en vont, vers 13 h la directrice, Jacqueline petite femme dynamique et souriante, improvise une collation en réunissant toute l'équipe (là encore une titulaire et 5 FRAM). On y parle de la difficulté d'enseigner en français (des questions sur les cours de Camille à Manandona), de la pédagogie (à 70 par classe…). 


Vue partielle d'une classe très "pléthorique" comme dit Honoré !

Vers 15 h on quitte l'école non sans avoir promis à Jacqueline des graines de fleurs pour la douzaine de bacs qu'elle vient d'installer dans la cour, je lui parle des toilettes aussi... Sur le mont Ibit le tonnerre gronde. 
Honoré me raconte comment ce village a été attaqué en juin dernier par des voleurs de zébus armés de fusils (les dalhaos) qui, profitant du jour du marché et de l'absence de nombreux habitants, ont volé plus de 100 têtes de bétail. Ces actes de banditisme sont fréquents à Madagascar et liés à des trafics qui impliqueraient des personnes haut-placées dans l'appareil de l'état. Corruption… mais en attendant on appauvrit encore ces gens qui n'ont pas besoin de ça.
On retraverse la rivière, Honoré me promet qu'en saison sèche on ira voir l'école située à 15 km de là au bout d(une piste assez facile, mais qu'il ne me recommande pas trop l'autre qui elle, se trouve à 25km et que lui met une journée à atteindre en passant par des endroits difficiles comme ces passages dans la falaise au-dessus de la rivière. Au bout il y a quand même une école de plus de 100 élèves et… aucun titulaire.
Je reprends la moto et fuis l'orage en rentrant au gîte. Peu après il éclate à Manandona mais je suis à l'abri. Vola est très inquiète car je ne lui avais pas dit que je partais avec l'ordinateur et elle craignait qu'on l'avait volé. Le temps couvert a empêché la recharge des batteries de la centrale solaire alors ce soir on ne vit que sur nos ressources. Une courte liaison Skype avec Blandine et mon ordinateur s'endort, je mettrai en ligne demain matin !

2 commentaires:

  1. Je viens de voir que tu avais ajouté une carte pour situer Manandona. C'est une bonne idée !

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  2. Les commentaires sur les classes sont bien intéressants aussi.

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