samedi 16 novembre 2013

De projet en projet..



Bien dormi, les moustiques se sont fait discrets. Il fait encore un temps radieux ici quand Blandine me dit qu'il fait froid et triste en Anjou. Je n'ai pas de thermomètre mais on a du dépasser les 30° dans l'après-midi et la soirée fut sans orage malgré la chaleur. Un beau samedi en somme.
Vers 8h30 Nina est venue me chercher pour me faire visiter les quatre essais d'élevage de poulets gasy (élevés à la malgache) que la plateforme des jeunes de Manandona a finalement financé après notre refus de cautionner ce projet en juin dernier. 

Chez le vice président de la plate forme jeunes de Manandona
Le premier est réalisé chez le vice président de la plate forme (plus très jeune, mais moi comme responsable de la commission jeunes d'AM , j'ai pas grand-chose à dire…). Avec sa femme et ses 4 enfants, ils habitent une modeste maison à l'est de RN7, pas très loin du gîte. Fièrement il me montre les 4 poules et les 28 poussins qui les accompagnent. Nous discutons du principe de fonctionnement (heureusement que Nina est là pour la traduction). Les poules durent environ 18 mois et si tout va bien elles peuvent couver plusieurs fois avant d'être mangées ou vendues. Parmi les jeunes poussins, 10 vont à la plateforme pour être redistribuées à d'autres, une dizaine sont gardées par l'éleveur et les autres sont vendus ou mangés au bout de 3 ou 4 mois, pour couvrir les frais de l'élevage. Évidemment il ne faut pas de maladie ou de chien affamé, voire de voisins indélicats car tout cela se passe en liberté. 

Le chanteur de la chorale


La deuxième famille fait partie de la chorale, la troisième personne est une jeune scout et le dernier un gars du foot qui est en train de réparer son toit. 

La jeune scout et une des 4 poules


Sa femme nous perche une poule sur son balcon, pour bien prouver que les quatre données sont bien là.. 

La derni-re poule...
 Tous ces gens (les trois derniers ont eu des résultats de couvaison un peu moins bons) ont comme principal point commun la grande pauvreté. Ils sont tous journaliers. Ils arrivent à économiser assez pour la nourriture de base des volailles (un kapok - unité de volume de vente d'environ 25cl - de maïs broyé par jour) et surtout ils ont une très grande confiance en ce projet. Je suis impressionné et très content d'avoir eu tort. Comme ça ils se sont lancés sans nous. A nous de réfléchir maintenant comment on peut les soutenir pour assurer la pérennité de la chose (vaccins, avance remboursable d'une partie de l'alimentation, modèles de poulaillers etc…). Une chance, à Madagascar il n'y a pas de renard. Cela aura aussi été l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes et un hameau que je connaissais bien mal, tout près de la lavaka magnifiquement cultivée dont je parlais l'autre jour. Je reviens au gîte tout ragaillardi par ce que je viens de voir : un début de projet entièrement géré par les membres de cette plateforme, destiné aux plus pauvres pour améliorer leurs revenus et leur nutrition. Je croise Philibert tout fier de son coup, il m'explique qu'il va essayer de reproduire l'opération au sein de sa communauté religieuse. Attention quand même à la surproduction ! A suivre donc et si on peut un peu soutenir, pourquoi pas ? Josia, l'ingénieur agro spécialiste d'élevage qui devait m'accompagner, a été retenue ailleurs mais je l'interrogerai car je sais qu'elle est impliquée dans cette affaire.
Il est 11h30 et je décide une balade en vélo vers le nord jusqu'à la rivière ( Vola me dit qu'elle n'a pas de nom, on dit la rivière c'est tout). Je passe voir Camille qui donne son cour de français dans une des écoles du bourg. 

Camille et son groupe du samedi matin


Je reprends vite la route et c'est l'occasion de passer lentement dans des hameaux qu'on traverse rapidement en voiture moto ou taxi B. Ici personne ne s'arrête, on passe, et vite. Il y a aussi beaucoup d'activité dans les champs, hommes, femmes, enfants et zébus s'activent dans les rizières. De pylône en pylône on voit aussi la ligne à haute tension survoler la commune sans qu'aucun transformateur puisse permettre de s'y brancher.
Repas solitaire, et un peu de repos. A 14 h je suis invité à l'assemblée générale de la commission jeunes, nouvelle version. Plus de 150 se sont inscrits et 82 sont présents ! Cela se passe dans l'ancienne salle des mariages qui n'a plus de bancs, alors ce n'est pas commode. 

 
Une partie des jeunes présents

Philibert est là, mais pas Mamy son adjoint chargé de la plateforme jeunes de la commune. A ce sujet il y a une confusion assez grande sur les secteurs de cette plate forme communale et la commission jeunes de Vovonan Soamiaradia, seule association liée à Anjou Mada. Nous devrons absolument nous positionner sur cette question. Il y a là des enjeux de pouvoir qu'il faudra trancher. Nina et son père, le maire, semblent en désaccord sur le sujet. Plus important dans l'immédiat c'est de choisir un nouveau bureau et des conseillers. Nina, Misa et Naja sont bien sûr dans le coup, mais aussi d'autres jeunes.

 
Les animateurs à l'origine du nouveau projet
 Le vote a lieu dans un joyeux bazar pas trop démocratique, mais bon tous les candidats sont élus. Il y a aussi Sisi de l'ONG Vahatra (ONG qui a une agence à Manandona, spécialisée dans le micro crédit mais aussi dans le suivi social,) qui elle sera chargée du volet  éducatif de la nouvelle formule. Problèmes d'ados, addictions, grossesses précoces seront au rendez-vous des réflexions mensuelles des membres de la commission jeunes, à côté des activités de loisirs. C'est à l'initiative encore de Philibert que cette ONG intervient. Je passerai un moment avec elle après la réunion car elle aussi ne comprend pas tout de la situation locale. Elle me paraît être le pilier de ce nouveau dispositif, son expérience d'animation et sa maturité sont rassurantes. Pour faire plaisir, un moment danse a été organisé, mais le branchement catastrophique fait disjoncter notre centrale solaire qui sera remplacée par un groupe électrogène pour lequel je donne 1 litre d'essence. Il commence à se faire tard, il faut reprendre la route et les pistes avant la nuit. La première assemblée générale new look s'achève.
Gabriel est rentré, il me donne des nouvelles du chantier du nouveau pissoir en construction et de sa visite aux toilettes de Vinaninkarena où les réparations commencent lundi.
A table nous appelle Vola avant de rentrer chez elle où elle va s'occuper de deux de ses petits enfants confiés par leurs mères depuis plusieurs années.

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