samedi 23 novembre 2013

Retour à la maison

Vendredi 22 et samedi 23 novembre
Jean Louis avait prévu de me faire intervenir dans des écoles qu'il connaît. Nous allons à l'école Blanche Neige où je projette le film de la rentrée des classes tourné en avril avec le lever des couleurs. On doit passer dans chaque classe… gros succès ! 

A l'école Blanche-Neige
Ensuite on file dans un autre lycée où on me demande d'intervenir dans un cour d'anglais. Un peu inquiet quand même, je suis vite rassuré par mon niveau face à la jeune prof pleine de bonne volonté mais qui pratique un anglais chaotique. Face à la cinquantaine élèves de 3ème, elle met en œuvre une pédagogie fort désuète, sans vraiment s'occuper des élèves ni quitter son tableau. 

Pendant le cours d'anglais
 Je me promène un peu dans les rangs regarde cahiers et ados et suis bluffé par 4 ou 5 élèves qui font des choses fort intéressantes (il s'agissait d'écrire une lettre à un ami sur ce qu'on a fait depuis ce matin). A midi on rentre et je dis aux amis mes craintes sur le niveau de l'enseignement dans ce lycée (il en pousse ici au gré des initiatives des  uns et des autres) de la banlieue de Tana. Il fait très lourd mais sans pluie. Après le déjeuner on y retourne, du coup j'interviens en 6ème pour un cours sur la biodiversité de Madagascar et montre quelques uns des films que je montre en France dans les écoles. 40 élèves dans la classe tous très attentifs et la prof me demande de revenir une autre fois. On rentre à la maison et soirée bien sympa/
Ce matin c'est donc le jour du départ, je refais les valises en rangeant les choses avec soin en espérant surtout que les fruits tiennent le choc ! Pour la première fois il fait gris, mais pas frais.Vers 8 h on quitte la maison pour se rendre à l'aéroport d'Ivato. Plus d'1h20 pour les 26 km pendant lesquels on se faufile au milieu des gens, traverse des encombrements anarchiques le tout avec klaxons en tout genre. Tout le charme aussi de ce pays ! 

Quel chargement !
 A l'aéroport Julia me confie comme convenu des objets d'artisanat pour l'asso et repart comme Oli (toujours aussi inquiète de ce genre d'escapade) et Jean Louis partent aussi. Enregistrement des bagages (ouf c'est le bon poids, enfin, juste au-dessus, mais ça passe). J'ai mis dans mon sac à dos les vêtements chauds qu'il me faudra à Paris (ici il fait plus de 30° quand Blandine me dit qu'il a gelé ce matin en Anjou). Attente du vol sur Air Austral vers la Réunion. On décolle vers 13h pour atterrir vers 13h, décalage horaire oblige. C'est à bord d'un ATR 72 (64 places), bi moteur à turbo propulseur que s'effectue le voyage, Sympa.


Le turbo-propulseur de l'ATR 72

A la Réunion il fait très lourd et je transpire fort désagréablement, le paysage est bouché et je dois attendre près de 7h avant de monter dans l'avion. Je m'installe au café et profite de ce temps et de la connexion WIFI pour mettre à jour une dernière fois ce blog.

triste temps sur la Réunion

Retour à Tana

Jeudi  21 novembre
J'ai fini mes bagages de bonne heure en laissant le maximum de choses ici, petits cadeaux bien  appréciés. Mes valises ont maintenant de la place mais il y a plein de trucs à ramener… du moins je l'espère. Au revoir émouvant à tous ces amis de Manandona, Philibert, Vola… Des peintres s'activent autour du gîte, je ne le verrai pas remis à neuf mais au moins j'ai vu les ouvriers frotter les murs. Il fait beau et je me goinfre des magnifiques paysages de la vallée. Gabriel nous accompagne avec sa voiture jusqu'à Vinaninkarena. Arrêt à l'EPP où je remonte les bretelles de la directrice pour l'usage des toilettes… excuses un peu injustifiées, mais bon. Ensuite tout le monde dans le 4x4 piloté par l'habile Jocelin; direction Fiakarandav, les élèves et les profs sont dans les classes et viennent nous saluer. 
La haie des enfants
 Beau moment très émouvant. On regarde l'avancée des travaux qui vont bien par ce beau temps revenu. Je dois aussi visiter les classes et suis toujours effondré par celle du CP1 avec plus de 50 élèves dans 25 m2. 

Le lave mains en chantier
 La classe construite par Equimada avance aussi, c'est une construction sûrement moins coûteuse que la nôtre mais vraiment rustique et pas vraiment anticyclonique. Jo reste superviser la fin du travail sur le lave-mains et la borne. On repart, la piste a étonnamment absorbé les pluies d'hier et de la nuit. Avec chance on croise Stéphane Hoel à qui je rappelle qu'il doit absolument faire rétablir l'eau au CSB1 et à Mahimandry. Il me raconte une histoire de cession de gestion de l'eau à une société et des sabotages en tête du réseau. Je gueule un peu pour lui dire de se débrouiller pour que tout ça marche au plus vite. On n'a pas mis autant d'argent pour tourner des robinets dans le vide. A suivre de près donc… Nouvel arrêt à Antsirabé et passage par le vieux marché pour acheter des mangues superbes (1000 Ar - 0,4€ pièce) et des litchis (1000 Ar le kg) qui devraient tenir le voyage.

Les litchis dans le panier


La garderie de la marchande de mangues
 Je passe aussi chez Madagascar Autrement pour récupérer l'argent des livres sur les huiles essentielles et aussi acheter trois flacons pour Michel. Seulement 5 des 8 livres sont partis, je propose que pour les 3 autres ce soit Camille qui recevra les 60€ restants en paiement partiel de son travail. Combine un peu malgache…
Du coup on quitte Gabriel, bon compagnon de séjour, jovial et scrupuleux dans son travail. Nous ne sommes plus que 4 dans le 4x4 : Jocelin, Sitraka, Flavien et moi. 

L'arrêt aux marchands de légumes
 Un peu plus loin on s'arrête déjeuner puis encore plus loin, on s'arrête près des fabricants d'instruments de musique : drôles de trucs inspirés de banjos, de violons montrant une habileté et une ingéniosité épatantes. Le fabricant nous joue quelques morceaux , je lui prends un "banjo" (10 000 Ar) et avec sa femme ils se remettent à la construction de tambours.

Les drôles de violons de l'artisan
 Vers 16 heures on arrive chez Oli et Jean Louis après avoir pris le contournement Est que nous avions déjà pris. Rude journée, avec pas mal d'imprévus, c'est bien.

mercredi 20 novembre 2013

Journée bien arrosée

Dernière journée à Manandona pour ce séjour… Je file après le petit déj et une nouvelle bagarre pour mettre en ligne ma prose et quelques images. Je croise Philibert sur le départ pour une réunion à Antsirabé. Il a le temps de me raconter qu'hier les gendarmes d'ici ont arrêté trois dalhaos (voleurs de zébus) dans le village voisin, et qu'ils ont saisi deux fusils. Tout le monde savait mais par crainte de représailles sanglantes

tout le monde se taisait. C'est un sage du village qui a pris la décision de les dénoncer. Histoire exemplaire pour une population paisible et prudemment soumise face à la violence de ces bandits.
 Je vais marcher dans le bourg m'imprégner encore de l'atmosphère de ce village. Les commerces sont ouverts sans beaucoup de clients, les oies cendrées traversent crânement la route, une maman gronde ses enfants de jouer dans les flaques d'hier. Plus loin, à la sortie du village de nombreux paysans et journaliers s'activent déjà dans les rizières. La lumière est laiteuse et n'annonce rien de bien tranquille.
Je rentre lentement au gîte où je retrouve Josia qui a le temps de m'accorder l'interview que je voulais sur l'agriculture locale et son rôle de Conseiller de Développement Rural. On choisit le décor et en quelques minutes j'ai un témoignage épatant qui va bien m'aider. Cette fille a un enthousiasme communicatif ! Je cadre son visage un peu serré car son tee-shirt bleu marine "I'm happy, I have Jesus" écrit en blanc au milieu d'un cœur me gène un peu par rapport à son discours. Mais cela aurait pu être tout autre chose… cela n'a pas la ùême importance que chez nous d'afficher ainsi ses convictions politiques ou religieuses. Il faudra vraiment compter sur elle pour aider les projets agricoles. 

La réparation du toit

Sur le toit du gîte je vois un maçon et ses aides en train de chercher puis de réparer les fuites. J'avais râlé auprès de Nina pour ne pas attendre que cela s'aggrave en cette période de pluies. Ils en profitent aussi pour faire quelques reprises d'enduit avant de repeindre le bâtiment. Il ne faut pas faire moche à côté de la nouvelle mairie.
Camille arrive vers midi pour partager le repas avec moi, elle travaille dans le bourg aujourd'hui. Je lui paie en partie ses cours de français avec ce qui me reste d'Ariarys de l'ordinateur amené pour Gabriel. Auparavant j'avais déjà payé les 18 écharpes en soie  qu'Eugène avait amenées pour Anjou Madagascar, le salaire de Vola et mon hébergement. Comme elle m'en confie 17 pour sa maman et que je lui en prends 3 autres pour moi, me voilà transporteur d'écharpes, à défaut d'être vendeur de cravates.
Sitraka et son copain chauffeur arrivent avec le 4x4. Ils nous rejoignent au repas avant de partir voir les chantiers en cours. Le ciel est déjà bien chargé et la pluie tombe généreusement, mais il y a encore des éclaircies. Les pistes deviennent dangereuses et il faut toute l'adresse du chauffeur pour rattraper les glissades ou franchir des trous impressionnants. A Mahimanndry il n'y a plus d'élèves ni de maîtres, mais le nouveau pissoir garçon est bien avancé.

Ajouter une légendeLe pissoir garçon derrière le lave mains
 Dans les classes le pauvre vieux mobilier a été rafistolé en attendant d'hypothétiques tables-bancs.

Pauvre mobilier, pauvres livres...


 Un réel souci de distribution d'eau empêche une fourniture régulière au CSB1 et à l'école. Problème à régler d'urgence avec le maire. Gabriel a prévu un emplacement pour écrire le nom de l'école et des donateurs. La pluie redouble et il nous faut revenir sur nos pas pour contourner un pont détruit. Nouvelle escalade, nouvelles glissades.

Prudence et souplesse pour ne pas aller dans le décor
 Ambiance un peu inquiète dans l'auto surtout quand on glisse doucement vers une cour en contrebas. Il m'a semblé qu'une des roues était déjà dans le vide avant que le chauffeur ne ramène tout cela dans le bon chemin. On arrive à l'école de Fiakarandavo où le lave-mains et la borne, en cours de construction, sont protégés par des tôles du déluge qui s'abat sur cette colline.

Protection du lave-mains récemment enduit

Le nouveau modèle de borne fontaine
Retour prudent vers le goudron. On croise beaucoup de gens trempés qui rentrent chez eux dans la montagne, il faut redoubler de prudence. Arrêt enfin à Vinaninkarena pour voir les travaux des nouvelles toilettes. Sous ce déluge on s'aperçoit vite de l'erreur de n'avoir pas couvert les pissoirs garçons et filles… Aller on rentre, tant pis pour Antsirabé, on verra demain matin en repartant sur Tana.
Au gîte c'est le dîner d'au revoir avec Philibert et sa femme, l'équipe de Vovonana, celle de Gabriel et moi. Moment très chaleureux, très bon repas, discours, émotion et au lit tout le monde  vers 21 h. La pluie a cessé enfin, les panneaux solaires ne fournissaient déjà plus rien dès 16 h ! Je commence à penser à mes bagages et au retour

Dîner aux bougies !

mardi 19 novembre 2013

Côté jardins


Après la pluie le beau temps, c'est particulièrement vrai ici. La terre est un peu plus rouge, le sable est remonté à la surface comme à marée basse et le soleil éclaire la montagne d'en face comme s'il ne s'était rien passé hier soir. Tout est très calme

Porte ouverte, la vue depuis la table du petit déjeuner
  Je passe un moment avec Naja et Nina pour rappeler les consignes comptables d'Henry puis je mets un peu d'ordre dans mes affaires histoire de voir ce que je risque d'oublier. J'appelle Eugène pour les écharpes en soie… etc, etc. 
 Vola a réussi à me trouver des litchis venus de la côte est pour que je puisse en ramener (0,5 € le kg).
 
Ceux de Manandona eceux déjà mûrs de la côte est

 Elle m'indique où je peux voir un arbre de ce fruit dans un jardin du bourg (c'est sans doute pas un litchier). 
 
Le Litchi chinensis qui porte donc les litchis, il peut atteindre 30 m de hauteur

Ici les fruits sont à peine formés et vert tendre, ils ne seront mûrs qu'en février, mais je suis étonné par la grande taille de l'arbre. 
Les amis de Vahatra (Florent, Julio et Vero) sont en retard. Ils arrivent vers 11h. Je leur donne des photos prises en avril.  Nous déjeunons ensemble (Vola est félicitée par tout le monde et en rosit de plaisir)  et nous parlons des projets dans lesquels ils sont impliqués ici et je leur dis comme j'apprécie de les voir associés à la commission jeunes oiur le volet éducatif. J'évoque avec eux aussi l'embryon d'ébauche du projet sur la mise à disposition de lampes solaires à faible prix achetables en partie par microcrédit. Ils sont plutôt d'accord à priori pour la gestion du crédit si on s'occupe de la logistique d'achat et de fourniture des lampes. A approfondir donc… en attendant la lumière.
Ils s'en vont vers 14 h et c'est l'heure de la réunion sur les jardins avec Philibert, Rivo et les maires des deux autres communes… on attend, on attend. Des femmes de la commission féminine arrivent… A force d'attendre il est 15h15, on commence et ils ne viendront jamais. 
La réunion a eu lieu dans la salle des mariages de la nouvelle mairie
On se retrouve dans la salle des mariages à une dizaine. Philibert rappelle le projet, précise la gestion mixte proposée (individuelle pour le potager et collective pour les plantes médicinales et à huile essentielle). Michel avait parlé de la prise en charge éventuelle des clôtures, on en reparle. On parle aussi d'une dizaine de bénéficiaires maximum par jardin.
Plusieurs décisions sont prises:
- un règlement précis de fonctionnement et de gestion sera proposé par Vovonana Soamiaradia  pour chaque jardin, il sera signé par les membres de l'association du jardin et définira les tâches collectives à réaliser
- les récoltes des parties collectives (plantes médicinales et à huiles essentielles) seront gérées par Vovonana Soamiaradia qui en répartira une partie des profits aux membres des jardins au prorata de leurs productions
- la préparation des terrains et leur délimitation débutera le 30 novembre avec la constitution des équipes
- dans un premier temps les parties collectives seront exploitées en commun (par exemple pommes de terre) en attendant les experts qui proposeront les plantes les plus appropriées
C'est dans le vacarme de la pluie tambourinant les tôles de la mairie que s'achève la réunion qui s'est plutôt bien passée. Dans une des équipes une jeune femme a posé plein de bonnes questions, et est très active. Elle a représenté déjà des associations de femmes malgaches lors d'un congrès en Italie. Sûrement quelqu'un sur qui s'appuyer pour la réussite de ce projet qui doit devenir un vrai projet de développement. Une accalmie, puis ça redémarre. C'est beau, inquiétant aussi mais il ne fait pas froid du tout. Bien à l'abri c'est pas grave et au moins on ne risque pas de coupure de courant !
Gabriel est rentré, il me dit que les chantiers en cours (deuxième pissoir à l'école de Mahaimandry et les deux bornes fontaines de Fiakarandav) avancent plutôt bien malgré les pluies du soir. Repas, douche, écriture du blog et petite bagarre pour la mise en ligne et dodo de bonne heure.